A review by cametsesblablas
The Bone Season by Samantha Shannon

5.0

Samantha Shannon fait beaucoup parler d’elle en ce moment, entre le succès du Prieuré de l’Oranger et les louanges de la maison De Saxus. Et mine de rien, la parution originale de The Bone Season commence à dater.. Pourtant, je n’ai vraiment pas eu l’impression de me retrouver face à quelque chose de particulièrement vieux, cela malgré le fait que les dystopies soient de moins en moins d’actualité et que le genre a été de nombreuses fois parcourus. Le schéma de ce premier tome n’est certes pas révolutionnaire, mais il parvient fortement à se distinguer de par son univers assez déroutant, mélangeant science-fiction et dystopie.

Paige est une clairvoyante, un terme désignant les humains ayant une affinité avec les esprits. Elle se trouve être une marcherêve – le nom est déjà très cool – faisant partie de la catégorie des sauteurs. Son don lui permet ainsi de pénétrer l’esprit des gens grâce à l’éther qui est justement au coeur de chacun des pouvoirs des clairvoyants. Ses capacités rares et recherchées l’ont donc menée à se réfugier du côté de la pègre qui lui offre sa protection en échange de missions rémunérées. Seulement, comme le laisse entendre la dimension dystopique de ce récit, les clairvoyants, considérés comme anormaux, sont traqués voire chassés secrètement dans l’ancienne université d’Oxford transformée en camp pour clairvoyants qui y prennent conscience de l’étendu de la déchéance de leur soi-disant pays.

Le tout semblait d’ores et déjà avoir beaucoup de potentiel. Sauf que le fait est que je ne savais pas du tout à quoi j’aurais affaire lorsque j’ai commandé ce livre. Et je pense même que je ne me serais pas attardé dessus si les éditions De Saxus avaient eu plus d’ouvrages dans leur catalogue. Et pourtant j’en ressors comblée ! Ce qui est dingue c’est que le contexte est très déroutant dans la mesure où on ne nous l’introduit absolument pas. Pourtant, une fois le chapitre passé, impossible de reposer ce livre qui nous pousse chaque fois à poursuivre dans l’espoir dans apprendre toujours plus sur cet univers complexe. La chose n’était d’ailleurs pas gagnée puisque suivre l’histoire au travers des yeux de Paige, qui connaît son monde sur le bout des doigts, n’implique en rien le fait que le lecteur en possède les clés. Je pense d’ailleurs que c’est la première raison pour laquelle ce livre divise, l’auteure ne voulant clairement pas nous guider sagement par la main. Je note tout de même que si l’univers est complexe et implique des éléments qui lui sont spécifiques, j’ai préféré me laisser bercer par l’accumulation d’informations plutôt que de me référer au glossaire. On reste après tout dans un schéma très – très – classique mais le système de clairvoyance est vraiment ce qui fait la singularité du tout, au risque d’en perdre certains qui pourraient alors voir peu d’intérêt au roman. L’idée d’isolement de l’héroïne dans ce camp m’a d’ailleurs beaucoup fait accrocher. Toutefois, même si j’étais très prise dans l’histoire, j’ai tout de même remarqué certaines longueurs, mais j’aimais tellement ma lecture que j’en aurais bien redemandé. De plus, au vue des récents débats concernant la maison d’édition De Saxus, j’ai été heureuse de constater que cette version n’avait pas été impactée par des erreurs de relecture ou de traduction.

Je n’irais pas jusque à dire que les personnages sont pleinement attachants puisque j’ai tout de même ressenti une certaine distance envers eux, mais Paige est vraiment une narratrice que j’ai beaucoup aimé suivre et qui – Dieu merci – ne se ratatine pas devant les beaux yeux de son gardien. C’est ce qui fait que la romance ne m’a pas dérangée même si un peu plus de construction dans leur lien ne m’aurait pas dérangée – et encore je chipote puisque l’auteur prend vraiment son temps. Paige est assez intrépide et très casse-cou mais ça a le mérite d’apporter du rythme au tout. Le gouverneur est quant à lui plus sur la réserve mais c’est ce qui fait le charme de ce personnage très intriguant. En revanche, le nombre très conséquent de ces derniers perd clairement, surtout que beaucoup sont appelés par leur matricule ou leur surnom.

Je me ferais donc un plaisir de lire – précommander – la suite, d’autant plus que l’objet livre en lui-même est superbe ! D’autant plus que j’ai adoré retrouver beaucoup d’action dans un roman qui approche tout de même les 600 pages.