A review by eliza_m_ecrire
L'Ascension des Dragons by Marion Obry

1.0

Bah écoutez, je vous préviens d’avance parce que ce qui suit est une critique assez salée qui ne pourra même pas espérer approcher le niveau de déception que je ressens suite à ma lecture de ce roman qui m’a intriguée pour finalement me laisser tomber complètement. Ce livre avait tout pour me plaire à la vue du résumé pourtant, mais ça n’a pas tardé avant que je ne me rende compte que je faisais face à un récit des plus chaotiques.

Enma est une Héritière née d’un œuf de dragon. Pour cette raison, le Don qu’elle possède inspire le respect comme la peur venant de ses pairs. Cependant, quand une menace pèse sur les Héritiers, mais aussi sur l’humanité tout entière, Enma ne peut pas simplement rester les bras croisés. Mais… pour qui se bat-elle, exactement ?

Alors j’ai commencé avec une affirmation assez tranchante : celle que je trouvais ce récit chaotique. Ce qui est dû à certaines choses que je vais pouvoir élaborer ici, à commencer par la protagoniste même : Enma. Enma qui, parce que bien sûr, est nOt LiKe ThE oThEr GiRlS. Sinon, ce n’est pas drôle. Bien sûr, qui daignerait penser qu’Enma peut être un minimum féminine
Spoiler(un personnage ira même la taquiner avec un « Attention, Enma, tu vas finir par devenir une vraie fille »)
rien que parce qu’elle est l’une des Héritières les plus puissantes qui a à jamais foulé notre planète ? Tout un paradoxe de sous-entendre qu’une femme forte peut aussi aimer les bijoux et que le contraire la décrédibiliserait aux yeux des hommes de son entourage !

Ça, c’est une chose, mais il y a aussi la question de sa puissance. Au début, son Don est scellé, mais déjà on entend que rien ne pourra l’arrêter.
SpoilerÉventuellement, son sceau est brisé, ce qui ne fait qu’une chose : la rendre encore plus puissante.
Et avec ça de fait… bah franchement, on ne se demande plus vraiment si elle risque de perdre. Et voyant qu’elle ne traverse pas de vraie difficulté et n’en fait qu’à sa tête au bout du compte… c’est une notion qui se concrétise. Alors voilà, déjà on se retrouve avec une protagoniste qui est pratiquement invincible dès les premières pages, qui le demeure et qui n’a pas trop d’égaux – et ce même si une chose qui sous-entend la possibilité d’une suite, mais qui n’est pas exploitée davantage apparaît brièvement –.

Ça, c’est pour Enma comme personnage. Le fait qu’elle s’avère plus être une anti-héroïne
Spoiler(avec des tendances génocidaires pour couronner le tout… yay)
ne nous impressionne plus, au point où on en est.
Par contre, Enma reste, et miraculeusement d’ailleurs, un des personnages les moins problématiques de ce roman. Celui qui prend la première place est son amoureux, Yliès rien que parce que, tenez-vous bien, c’est un gros GROOMER. Il a rencontré Enma quand elle était une enfant et lui un adolescent (son âge n’est jamais clairement indiqué, mais avec le contexte de leur première rencontre, il est très certainement question de plusieurs années d’écart), commence à la percevoir différemment quand elle a 14 ans, puis officialise leur relation quand elle a 16 ans ALORS QU’IL EST MAJEUR et utilise ces arguments pour justifier le tout :

« Elle a seize ans. Étais-tu une gosse à cet âge-là? De toute façon, ça n’a pas la moindre importance. »

« Il ne s’agissait que d’un chiffre. »

..? No. No it’s really not, dude.

Le pire, c’est que l’autrice semble aussi cautionner tout ça puisque, dans le présent du récit, Enma et Yliès sont ensemble depuis des années (elle a 26 ans à la toute fin) et que hey, c’est l’amour fou. Moi, personnellement, ça m’a dégoûtée, rebutée et tout ce qu’il faut : encore une fois, ce n’est pas parce que c’est légal (ce que ce n’était PAS au début, je rappelle !) que c’est legit. Genre s’il vous plaît, pouvons-nous arrêter de banaliser la pédophilie ? Je ne parle même pas du fait que Lucretia, la grande sœur d’Enma, APPROUVE la chose dès le début alors que quand Enma le rencontre officiellement, il la persécutait, mais bon, ça c’est une autre histoire apparemment.

Le pire (encore), c’est bien qu’Eve, l’ex-copine d’Yliès qu’il largue pour Enma est dépeinte comme si, au moment de la rupture, sa réaction est disproportionnée. Alors que non… bien sûr, elle slutshame Enma (ce qui n’est pas excusable non plus, je précise), mais quand elle souligne qu’elle est une enfant, on la fait passer pour une personne irrationnelle qui a perdu la tête juste parce qu’elle est blessée.

Eve est loin d’être un ange
Spoiler(notamment avec le fait qu’elle va jusqu’à violer Yliès en le forçant à agir contre sa volonté)
, mais était-ce nécessaire d’en faire une sorcière jalouse et aveuglée par sa haine d’Enma? C’est un choix… particulier, je trouve.

Donc finalement, côté personnage : OUF.
SpoilerEst-ce que j’ai mentionné qu’Enma va dire ressentir une attirance pour quelqu’un qui s’avèrera être son frère ?
Bref, je le fais, là.

Si on s’attarde plus sur l’histoire en tant que telle… on a une quête qui n’aboutit pas. La motivation principale d’Enma est claire assez rapidement et au dernier moment elle fait un 180. La plus grande force de ce récit réside surtout dans l’univers avec les dragons, le début des Héritiers, leur société et la cohabitation secrète avec l’espèce humaine. Mais voilà, avec tout le reste, ça ne permet pas de sauver le récit.

Dire que je suis déçue n’est même pas suffisant pour décrire ce que je ressens par rapport à cette lecture. Pourtant, à défaut d’avoir un meilleur terme, il faudra s’en contenter. Le chaos, combiné aux personnages qui sont problématiques à leurs manières offre à ce roman une note assez faible qui ne laisse pas de place à l’inspiration. Et avec une prémisse pareille, je ne peux qu’affirmer une seule chose : c’est que c’est plus que dommage.