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A review by laughofmedusa
Soif D Amour by Yukio Mishima
4.0
(Relecture)
Etsuko... Il y a comme une sensualité de la trace dans ce mot. Etsuko... Etsuko....
Cette histoire est une succession de délicatesses perverties. Mishima y dépeint une femme faite de plusieurs petits élans : un élan pour la chair, un élan pour le feu, un autre pour le sang. De cette femme on retient bien des choses... cette façon qu'elle a de se mouvoir avec mollesse, ce regard désorbité qu'elle porte sur ce qui l'entoure - regard intimement caché et n'exigeant aucun éclat extérieur, et surtout cette envie de posséder l'homme désiré mais dans la souffrance. Dans la souffrance car Etsuko est jalouse. Sa jalousie est un cœur qui ne bat pas mais qui crépite ; se faisant tantôt joie tantôt violence, l'une se substituant à l'autre en un entrelacement qui tend vers l'étranglement. Elle veut une souffrance « à hauteur de mort » (je devais citer Bataille), ses plaies étant la substance même de ce qu'elle est.
Si l’esquisse que je viens d'en faire est assez parlante, vous imaginez que la nature dans laquelle évolue ce personnage ne peut-être que le décor d'une agonie multipliée. Ce décor présage à autant d'épars cryptogrammes le drame qui clôturera le livre. Je pense notamment à cette scène, où un enfant prend plaisir à voir des fourmis se noyer dans de l'eau bouillante. Une aura de cruauté donc, inlassablement construite et déconstruite selon ce qui doit être vu/compris : telle décharge, à tel moment.
Voyez, si la légende racontait que Mishima dit un jour « Etsuko c'est moi », j’y aurais cru. Il me semble que de tous ses personnages, Etsuko est celle qui lui ressemble le plus. Parlons de Saburo, cet homme qu'elle désire, ne vous rappelle-t-il pas l'idéal mâle tant convoité dans les Confessions de l'auteur ? Ce corps hâlé, tout de force et de muscles, qui devient vite souillé dès qu’une intelligence
l’habite. Et ce penchant pour le vide voluptueux, cette aspiration à ne faire qu'un avec la mort ?
Je balance une réflexion aux traits encore imprécis, comme émanant d'un moi dans le flou pour un moi qui aura vu plus clair : à la page 48, il y a un moment enchanteur qui porte une notion de dépense…de gâchis, et qui revient sous une autre forme, un peu plus loin, page 158...
Etsuko... Il y a comme une sensualité de la trace dans ce mot. Etsuko... Etsuko....
Cette histoire est une succession de délicatesses perverties. Mishima y dépeint une femme faite de plusieurs petits élans : un élan pour la chair, un élan pour le feu, un autre pour le sang. De cette femme on retient bien des choses... cette façon qu'elle a de se mouvoir avec mollesse, ce regard désorbité qu'elle porte sur ce qui l'entoure - regard intimement caché et n'exigeant aucun éclat extérieur, et surtout cette envie de posséder l'homme désiré mais dans la souffrance. Dans la souffrance car Etsuko est jalouse. Sa jalousie est un cœur qui ne bat pas mais qui crépite ; se faisant tantôt joie tantôt violence, l'une se substituant à l'autre en un entrelacement qui tend vers l'étranglement. Elle veut une souffrance « à hauteur de mort » (je devais citer Bataille), ses plaies étant la substance même de ce qu'elle est.
Si l’esquisse que je viens d'en faire est assez parlante, vous imaginez que la nature dans laquelle évolue ce personnage ne peut-être que le décor d'une agonie multipliée. Ce décor présage à autant d'épars cryptogrammes le drame qui clôturera le livre. Je pense notamment à cette scène, où un enfant prend plaisir à voir des fourmis se noyer dans de l'eau bouillante. Une aura de cruauté donc, inlassablement construite et déconstruite selon ce qui doit être vu/compris : telle décharge, à tel moment.
Voyez, si la légende racontait que Mishima dit un jour « Etsuko c'est moi », j’y aurais cru. Il me semble que de tous ses personnages, Etsuko est celle qui lui ressemble le plus. Parlons de Saburo, cet homme qu'elle désire, ne vous rappelle-t-il pas l'idéal mâle tant convoité dans les Confessions de l'auteur ? Ce corps hâlé, tout de force et de muscles, qui devient vite souillé dès qu’une intelligence
l’habite. Et ce penchant pour le vide voluptueux, cette aspiration à ne faire qu'un avec la mort ?
Je balance une réflexion aux traits encore imprécis, comme émanant d'un moi dans le flou pour un moi qui aura vu plus clair : à la page 48, il y a un moment enchanteur qui porte une notion de dépense…de gâchis, et qui revient sous une autre forme, un peu plus loin, page 158...